Journal quotidien Ouest France - Vannes Ploërmel Auray -
Edition du Lundi 01 juillet 2013, propos recueillis par Gwenaëlle LeFloch / Pages Sports.
Gwenaëlle LeFloch : Tout d’abord bravo à vous deux, vous venez de franchir la ligne d’arrivée de cette 9ème édition du Raid 87 du golfe du Morbihan en 11 heures et 19 minutes. 175ème et 176ème sur 739 coureurs classés. Vos premières impressions ?
Jean-Michel Sansiquier : Dur et exigeant. Nous ne nous attendions pas à cela. Du fait du faible dénivelé, nous avions développé une stratégie de course qui consistait à enchainer deux marathons à la suite, l’un en 4h30, l’autre en 5h00, entrecoupé d’une pause de 30 minutes maximum. Soit 10 heures de course. Un Top 100 si possible.
GLF : Et cela n’a pas fonctionné. Déçu ? Votre analyse ?
JMS : Non absolument pas déçu, car cela a été une formidable aventure humaine, partagée avec tous les concurrents et les bénévoles rencontrés sur le parcours, et surtout mes deux compagnons, Le Commissaire et Bertrand.
Il a fait très chaud dès la fin de la première demi-heure de course, en bord de mer sur le bitume. Cela a entamé les réserves de tout le monde.
Et le tracé, tout plat qu’il semble, n’est qu’une succession de petites bosses, irrégularités de terrain, marches à franchir en accès de chemins et sur les digues, et demande en fait un travail permanent de relance et d’ajustement des allures. Tout le contraire d’un marathon. Les sentiers côtiers empierrés et pleins de racines demandent une attention et une concentration toute particulière, surtout de nuit, à la frontale. Ce qui est totalement différent de la foulée rasante d’un marathonien. Ici, il faut lever les genoux, si vous voyer ce que je veux dire.
GLF : Bertrand ? Où est ce troisième coureur ? A-t-il abandonné ? Et qui est le Commissaire ?
JMS : Bertrand nous a fait un coup de chaleur, vers le 20ème kilomètre. Connaissant son tempérament de winner-killer (NDLR : en anglais dans le texte), nous l’avons laissé seul au ravitaillement à Auray, vers le 27ème km. Il nous a passé un message cette nuit vers 1 heure du matin, il pensait finir sans souci. Le Commissaire, c’est Franck Perrodovitch, issu d’une famille d’origine bretonne, qui a fuit les persécutions de l’église catholique en 1790, pour se réfugier en Russie. Anoblis par les tsars, leur nom de famille a pris une consonance slave. Notez que le diminutif de ce leur nom, dès leur retour en France vers 1917, s’écrit avec un « o » à la fin, et non avec « eau ». Sinon, cela sonne comme « pineau » ce qui est charentais.
GLF : Donc Commissaire, je m’adresse à vous maintenant. Qu’est-ce qui vous a permis de finir cette épreuve relativement difficile en toute sérénité ? Tout d’abord une bonne préparation je suppose ?
Franck Perrodo : Oui tout à fait. Une galette de sarrasin tartiflette, puis une crêpe beurre sucre chantilly. Trois boules de crème chantilly. C’est le secret de toute course. J’avais hésité avec une complète œuf-jambon-fromage, puis une crêpe Franky, vous savez, celle avec des poires, des pêches au sirop, une boule de sorbet vanille, avec un fond de crème de marron, nappée de chocolat, et quelques noix émiettées dessus. Et puis je me suis dit qu’avec le Gatosport parfum spéculos que nous allions manger en attente du départ, cela ferait peut-être un peu trop.
GLF : Le Gatosport, qu’est-ce donc ?
FP : Nous avons monté une association de course à pied toute simplicité, Les P’tits Moteurs de Nouaillé Maupertuis, sans prétention aucune, pas trop orientée compétition. Et nous échangeons des recettes de diététiques le dimanche matin, dans le centre bourg. Ce Gatosport en fait partie. Il est maintenant commercialisé par une marque de diététique pour sportifs.
GLF : Revenons à la course si vous le voulez bien. Comment avez-vous trouvé le parcours ?
FP : Magnifique. Courir le long de la grève, ou sur les sentiers de grande randonnée du GR34, avec une brise marine par instant, le cri des goélands et autres mouettes est quelque chose de totalement dépaysant pour nous autres Poitevins.
JMS : Avoir plus de la moitié de la course de nuit désoriente un peu, car les lumières de la côte paraissent proches, alors qu’en fait le rivage est très découpé, et nous n’avons pas arrêté de faire des tours et détours. Mais il y avait toujours cette odeur d’algues, de bord de mer qui nous rappelait où nous étions.
GLF : D’autres projets de course ? En Bretagne plus particulièrement ?
JMS : Pour l’instant non. Un peu de repos. Des vacances en famille, période estivale oblige. Une ou deux course locales de par chez nous.
FP : En voyant l’état d’épuisement physique des coureurs du 177 km, je ne suis pas sûr de m’inscrire à cette course l’an prochain. Plutôt un 40-50 km en montagne, avec beaucoup de dénivelé, mais qui permet de récupérer un peu en course pendant les montées.
GLF : Eh bien, il ne me reste plus qu’à vous remercier. Et à vous annoncer que votre ami Bertrand vient juste de franchir la ligne d’arrivée après 13h00 de course. Pas trop mal en point à ce qu’il semble. Juste trois ou quatre ampoules aux pieds. Merci à vous tous d’être donc venus si nombreux nous rendre visite.