Notre ami Thierry continue dans sa lancée et après La Rochelle-Poitiers (les 21 et 22 novembre 2015) il s'est attaqué à la Thonnerieux le 5 mars dernier.
Afin de peut-être vous donner envie, voici son compte-rendu, détails et impressions sont au rendez-vous !
C'est une course qui se déroule à Plouézoc'h (Finistère) en hommage à Henry Thonnérieux, coureur, qui rêvait de 100 miles aux US et que le destin a fauché trop tôt. C'est un trail de 40 km puis un retour sur route de 40km soit au total 50 miles à réaliser en moins de 10h30.
Je m'y suis présenté avec deux copains Bertrand et Guy, et avec une petite angoisse : c'est ma première course Ultra (plus de 42 km), même si je m'étais essayé sur le OFF La Rochelle Poitiers.
Le temps était Breton : froid, pluie, vent et grêle. Les organisateurs, un peu inquiets nous donnèrent 30' de plus car le terrain trop était trop glissant, soit 11h00 de course. Même pas peur !
Nous sommes donc partis à 7h00 au son des cloches de l'église, dans la nuit. Trop stressé par la course et mon sac peu pratique, je partis sans frontale. Au bout de 10', nous étions les pieds dans la boue dans un petit ruisseau. Ce fut deux heures avec le lever du jour, le beau soleil et de bonnes sensations. Le bord de côte était magnifique, la mer montait, la nature se découvrait. « Génial, si cela pouvait continuer ! »
Le temps se mit à changer, les coureurs aussi : la pluie et le vent montèrent, le froid se faisait mieux sentir, les impers sortirent. La mer devenait agitée, les vues étaient superbes. La course prennait sa mesure.
Nous arrivions au 26 ème kilomètre pour le premier ravitaillement en eau. 3H26 de course et on voyait bien que cela allait être dur.
Nous repartions, motivés mais mes copains de course ralentissaient. La douleur les a rattrapés. Les serre-fils étaient là. Je laissais donc mes compères sur leurs conseils pour arriver avant la barrière horaire de 6h00 au 40 ème km où j'arrivai finalement à 5h47'.
« Ouf ! Je peux continuer ! »
Je me changeais et me restaurais en 20'. Les bénévoles étaient à nos petits soins. Merci à eux, car j'étais gelé, fatigué, et ma tenue mouillée était difficile à défaire. Bertrand et Guy restèrent au ravitaillement avec les bénévoles, sûrement trop chouchoutés pour repartir.
Et la seconde course débuta : J'étais le dernier à repartir sur la route et avec le serre-fil à vélo. Je n'avançais pas et lui se gelait sur son vélo. Les 40 derniers kms allaient être longs.
Je décidais de doubler au moins l'avant dernier, cela m'occuperait l'esprit. Il n'était pas très loin et avait enlevé une chaussure. Un petit mot et je le laissais avec le serre-fil. Il ne m'a jamais rattrapé : il devait vraiment courir lentement car je ne courais pas vite.
Et ce fut de la route, du vent, un peu de pluie, des champs de choux et d'artichauts et parfois des petits villages.
A 14h00, la plaisanterie commençait à me démoraliser. Il me restait moins de 40 kms à faire, je dois arriver avant 18h00 ce soir et je me traînais dans cette campagne bretonne. Il fallait trouver une motivation. Pour les copains, les bénévoles de cette course, la petite famille qui comptait sur moi et pour moi aussi qui agace tout le monde avec ma course à pied. Je n'avais pas mal, j'avais mes belles chaussures, je trottinais tranquillement : je décidais de courir jusqu'à 18h00 pour prendre ensuite une décision. Je repartis donc pour 4h00 de course avant de faire un choix. Même pas peur !
Et là, chaque petite difficulté devînt un obstacle à franchir. Le plus dur fût de doubler les mamies bretonnes qui marchaient sur le trottoir. J'étais aussi courbé qu'elles et gurère plus rapide.
Finalement, à 18h02, j'arrivai avec Guy qui était venu à ma rencontre. C'était terminé de ces 80 kms. J'attrapai le statut de « finisher » d'un ultra ! Super !
Commence alors la troisième course : comment mon corps va récupérer. C'est une autre histoire, mais bien réelle après ce genre de folie.
Après une semaine, il me reste des souvenirs, surtout de rencontres humaines: les copains avec notre échappée belle en Bretagne et ces organisateurs bretons de cette course de ouf qui partagent leur passion et leur région avec un plaisir et un accueil formidable.
Thierry Clément